Dans un environnement marqué par l’incertitude permanente, des cycles de développement raccourcis, l’émergence de l’intelligence artificielle générative et des attentes clients en temps réel, la DSI ne peut plus se contenter d’être un simple fournisseur de services techniques. Elle doit devenir un moteur d’innovation et un partenaire stratégique des métiers. 

Pourtant, nombreuses sont les DSI encore enfermées dans des processus rigides hérités des années 2000 : silos entre métiers et techniques, circuits de validation interminables, et des feuilles de route figées sur plusieurs années. Selon The Wall Street Journal (2024), 70 % des responsables technologiques estiment que la dette technique (c’est-à-dire l’accumulation de solutions provisoires ou obsolètes) freine leur capacité à innover et à répondre aux besoins du business (l’activité opérationnelle de l’entreprise). 

Heureusement, des pionniers prouvent qu’un autre modèle est possible. Par exemple, ING Pays-Bas a remplacé sa hiérarchie pyramidale par 350 équipes autonomes (squads), réduisant le délai entre l’idée et la mise en production de plusieurs mois à quelques semaines, sans interruption des opérations critiques. 

Cet article explore comment orchestrer cette transformation sans mettre en péril la production, en se concentrant sur trois objectifs principaux :

  1. Identifier les leviers clés : culture, gouvernance, architecture.
  2. Proposer une méthodologie pragmatique pour gagner en agilité progressivement..
  3. Aligner la DSI sur la stratégie d’entreprise, tout en garantissant la fiabilité opérationnelle.

Prêts à engager le mouvement ? Commençons par comprendre pourquoi l’agilité est devenue le socle incontournable d’une DSI moderne.

Pourquoi viser plus d’agilité dans une DSI ?

Les produits se conçoivent, se testent et se déploient désormais à la vitesse d’un post sur les réseaux. Sous cette pression, la DSI se retrouve au premier plan. Quand la cadence des métiers s’accélère, le moindre goulot d’étranglement côté DSI devient visible  et coûteux.

1- Un contexte qui s’emballe

Aucun secteur n’est épargné. Pendant la pandémie, un grand distributeur nord-américain a lancé un service de retrait en bordure de trottoir (curbside pickup) en deux jours, alors que ce projet était initialement prévu sur dix-huit mois. Ce type de performance est possible lorsque les équipes SI savent découper les projets en petites étapes, prioriser les fonctionnalités, et livrer en flux continu (continuous delivery).

2- Les gains mesurables de l’agilité

Dans la banque, l’exemple d’ING fait école : en remplaçant sa pyramide hiérarchique par quelque 350 « squads » pluridisciplinaires, le groupe a divisé par deux son time-to-market tout en dopant l’engagement des collaborateurs (McKinsey & Company) Le résultat est double : des fonctionnalités plus rapides pour les clients, et une énergie retrouvée pour les équipes.

On peut citer aussi l’exemple de John Deere, pour qui le passage à la méthodologie Scrum a réduit le cycle time (temps entre le début et la fin d’un projet) de 54 à 11 jours, soit une amélioration de 79 %.

3- Un nouveau contrat avec les métiers

L’agilité transforme la relation entre la DSI et les directions opérationnelles :

  • Finis les comités de pilotage annuels : place aux revues de portefeuille trimestrielles, voire mensuelles, basées sur la valeur livrée.
  • Finie l’« usine à tickets » : la DSI devient un partenaire stratégique, capable de challenger, prioriser et co-construire les solutions avec les métiers.

 

En résumé : L’agilité permet de passer d’une DSI « gardienne du temple » à une DSI « architecte de la croissance », capable de répondre aux exigences du business à la vitesse du marché.

 

Les principaux freins à l’agilité

1- La résistance au changement : le facteur humain avant tout

Selon le State of Agile Report (2024), 47 % des répondants citent le « choc culturel » (culture clash) comme le principal frein à l’adoption de l’agilité. Les routines, la peur de perdre son périmètre, ou la méfiance envers des méthodes perçues comme « à la mode » sont des obstacles majeurs.

Comment les surmonter ?

  • Expliquer le « pourquoi » avant le « comment ».
  • Former les managers à un rôle de coach (accompagnateur) plutôt que de contrôleur.
  • Mettre en avant des « quick wins » (victoires rapides) pour motiver les équipes

 

2- Les silos et la collaboration en panne

Lorsque chaque équipe optimise son propre périmètre, le projet global se fige. Un groupe pétrolier a résolu ce problème en réunissant ingénieurs, achats et opérations dans des sprints de deux semaines, réduisant ainsi le planning conceptuel de 60 % et le time-to-first-oil (délai avant la première extraction) de 35 % selon une étude de McKinsey & Company de 2023.

La clé de voûte de ce succès a été de créer des équipes pluridisciplinaires (squads) avec des objectifs et un budget partagés.

 

3- L’absence de vision partagée

Sans une boussole commune, la transformation se fragmente en initiatives locales. Toujours selon McKinsey, l’écart entre ambition et réalité provient souvent d’un défaut d’alignement stratégique.

Le bon réflexe consiste à une feuille de route claire, liée à la stratégie d’entreprise, et pilotée par des indicateurs simples (valeur client, délai de livraison, satisfaction des équipes…).

 

Six étapes pour réorganiser une DSI
vers plus d’agilité

 

La meilleure méthode est d’avancer par paliers, avec à chaque étape un livrable concret et un apprentissage collectif.

1. Diagnostiquer : Cartographier les flux de valeur et identifier les temps morts (par exemple les validations inutiles)
2. Définir la vision : Formuler un objectif simple (par exemple : « Livrer toute fonctionnalité prioritaire en moins de 4 semaines »)
3. Repenser l’organisation : Passer des silos fonctionnels à des équipes produit autonomes (squads), soutenues par des chapters (référents techniques), selon un modèle type Spotify
4. Adopter l’agilité : Former aux frameworks (Scrum, Kanban, SAFe) et choisir celui qui correspond le mieux à la culture de l’entreprise, en l’adaptant si besoin
5. Accompagner le changement : Organiser des communautés de pratique, coacher les managers, célébrer les quick wins
6. Mesurer et ajuster : Mettre en place un tableau de bord avec 5 indicateurs clés (délai de livraison, satisfaction utilisateur, taux d’incident post mise en production…)

Réorganiser une DSI pour l’agilité n’est pas une option cosmétique, mais une réponse stratégique aux ruptures de l’économie numérique. Trois piliers sont essentiels :

  1. Une vision claire, partagée du COMEX (Comité Exécutif) aux squads
  2. Une méthode rigoureuse en six étapes, avec des résultats tangibles à chaque palier
  3. Un accompagnement humain, car aucun outil ne remplace la confiance, la formation, et le droit à l’erreur

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