La crise sanitaire a largement contribué à généraliser le télétravail dans les entreprises et les organismes publics (25% des salariés étaient en télétravail en mars 2020 selon une étude de la DARES[1]), même si cela se limite aux personnels équipés d’un ordinateur et d’un téléphone portable, puisque par définition, le télétravail repose sur l’utilisation des technologies de l’information et de la communication.

Mais connaissez-vous la première définition française du télétravail ? Celle-ci avait été proposée en 1993 dans le rapport commandé à Thierry Breton par Edouard Balladur : « le travail s’effectue à distance, c’est-à-dire hors des abords immédiats de l’endroit où le résultat du travail est attendu, en dehors de toute possibilité physique pour le donneur d’ordre de surveiller l’exécution de la prestation par le télétravailleur ».

Les technologies de l’information n’étaient pas encore mentionnées, alors que c’est leur généralisation à partir des années 1990 qui a véritablement permis l’essor du télétravail. En revanche, on retrouve dans cette définition la notion de contrôle (ou plutôt de l’absence de contrôle), qui a probablement conduit un grand nombre d’entreprises à soigneusement encadrer le télétravail par des durées limitées (souvent 1 jour ou 2 par semaine), des jours précis (plutôt le mardi et le jeudi pour éviter les risques de garde d’enfants déguisée ou de week-ends prolongés), et /ou un lieu unique : le domicile.

Pourtant, notamment à la faveur de la crise sanitaire, des formes souples, voire « extrêmes », de télétravail commencent à émerger. En voici un aperçu.

DIGITAL NOMAD

Prophétisée en 1997 dans le livre Digital Nomads, de Makimoto et Manners, cette forme de télétravail recouvre aussi bien la notion de travailleurs expatriés du bout du monde, que de voyageurs allant d’un pays à l’autre au gré de leurs envies, tout en continuant à exercer leur activité professionnelle. Vu les contraintes de ce mode de travail (décalage horaire, impossibilité de venir facilement au bureau), celui-ci est plus adapté aux travailleurs indépendants et à des professions qui nécessitent peu d’interactions, et reste donc marginal.

FULL REMOTE

Les travailleurs en « full remote » travaillent 100% de leur temps en dehors des bureaux de l’entreprise, avec simplement quelques visites occasionnelles à l’entreprise. Cela offre une grande flexibilité au télétravailleur, qui peut choisir d’habiter à l’autre bout du pays (sous réserve d’être équipé d’une bonne connexion Internet…), et de travailler depuis son domicile, ou un espace de coworking pour ne pas être isolé, ou parfois d’autres bureaux de la même entreprise que ceux dont il dépend.

 Certaines entreprises, en particulier dans le domaine de la Tech (dont Google pendant la crise sanitaire), font même le choix de fermer leurs bureaux et d’avoir tous leurs salariés à distance. Cela permet bien sûr d’économiser sur le coût des bureaux, mais aussi de recruter en dehors de son périmètre géographique et de garder les talents en leur offrant une meilleure qualité de vie.

WORK FROM ANYWHERE

“Travailler de n’importe où” est la forme la plus flexible du télétravail. Il est possible de venir au bureau, de travailler de chez soi, ou d’un autre lieu, à un rythme choisi par le collaborateur. C’est à l’entreprise de donner envie aux salariés de venir travailler au bureau, en leur offrant des espaces propices au travail au calme et aux échanges.

Toutes ces formes de télétravail « extrêmes » supposent que les collaborateurs sachent organiser efficacement leurs journées de travail en évitant la procrastination et en gérant les temps de déconnexion, et arrivent à maintenir du lien social, en particulier avec leurs collègues.

Dans toutes ces formes de télétravail, il faut, du côté de l’entreprise, réussir à créer de la cohésion d’équipe avec des collaborateurs qui ne font parfois que se croiser en visioconférence, et à apprendre à gérer les équipes à distance en évitant la tentation du contrôle excessif. Les collaborateurs, quant à eux, doivent être suffisamment organisés, engagés et autonomes pour être tout aussi productifs en dehors de l’entreprise.

Il peut donc être très bénéfique pour les entreprises d’être accompagnées dans la mise en place du télétravail, qu’il soit extrême ou plus classique, pour définir des règles du jeu concertées et accompagner managers et collaborateurs qui en ressentent le besoin.