Le concept de « smart city » est apparu dans les années 2000, et son équivalent français « ville intelligente » il y a une dizaine d’années. En pratique aujourd’hui, ce concept est souvent réduit à sa dimension technologique, allant d’une ville totalement connectée à la fibre, jusqu’à une ville « numérique » truffée de capteurs et d’intelligence artificielle : parking intelligent, vidéosurveillance, wifi public, optimisation de l’arrosage ou encore des tournées de collecte des déchets…

Cela a tendance à faire oublier que le concept originel le plus proche de la smart city n’est pas la ville simplement « connectée », mais la ville « durable », qui respecte les principes du développement durable à savoir l’équilibre de 3 piliers de développement : économique, le social et écologique.

Selon Rudolf Giffinger, une « Smart city » est ainsi une ville performante dans 6 domaines : l’économie, la mobilité, l’environnement, les habitants, le mode de vie et la gouvernance. Dans les villes durables, la gouvernance inclut ainsi des modes de démocratie participative : simple consultation avec prise en compte facultative de l’avis donné, collaboration (via par exemple des conseils de quartier ou des référendums locaux), voire coélaboration pour les villes les plus avancées.

Cette vision de la ville durable se traduit par exemple actuellement par le développement de la « ville du ¼ d’heure » en France. Ce concept imaginé par le Pr Carlos Moreno repose sur l’idée que chacun doit pouvoir accéder en moins de 15 minutes à pied ou à vélo aux fonctions fondamentales de la ville que sont : se loger, travailler, circuler, partager et réemployer, se soigner, faire du sport et s’aérer, s’approvisionner et bien manger, apprendre et se cultiver. L’objectif est un rythme de vie apaisé et bas carbone, favorisant la mixité urbaine. Ce concept d’étend hors des villes avec les « territoires de la ½ heure », privilégiant eux aussi les modes de transport doux : vélo, covoiturage, ou intermodalité.

Cette tendance aux territoires courte distance, initiée par exemple par Paris début 2020, a été accélérée par le confinement, dans la mesure où les limitations de déplacements à 1 h et 1 km ont conduit les habitants à explorer davantage leur environnement proche et où de nombreux télétravailleurs ont pris goût à l’absence de trajet domicile-travail. Cela pourrait être le contrepoint au mouvement des télétravailleurs quittant les grandes métropoles pour s’installer dans des villes plus petites ou à la campagne.

Dans cette vision de la smart city centrée sur l’humain, le numérique est ainsi au service des habitants et usagers de la ville.